mardi 17 avril 2012

Carlyle arrive en Afrique


L’un des fonds d’investissements privés les plus puissants au monde débarque en Afrique. Avec un portefeuille de plus de 147 milliards de dollars, Carlyle évoluera sur le continent noir en VIP, avec la Banque Africaine de Développement en éclaireur.
En s’associant avec l’américain Carlyle dans un fonds subsaharien, la Banque Africaine de Développement (BAD) affiche sans complexe sa nouvelle marque de fabrique : la rentabilité, quitte à prendre quelques risques avec un partenaire qui affiche régulièrement des retours sur investissements à deux chiffres grâce à une stratégie d’investissements à court terme.

Un investissement de 50 millions de dollars

Pour le moment, il s’agit d’un investissement de 50 millions de dollars, effectué avec toutes les approbations nécessaires, tient-on à rappeler de source autorisée. «Le fonds Carlyle permettra d’équilibrer notre portefeuille d’actions pour nous permettre de faire des investissements supplémentaires dans les segments des marchés les plus risqués», indique Tim Turner, directeur des opérations du secteur privé ; En clair, la Banque prendra plus de risques dans ce compartiment réputé volatile pour équilibrer son portefeuille. Côté Carlyle, c’est motus et bouche cousue. Contacté par nos soins, le bureau parisien du Groupe se perd en excuses. «Nous ne sommes pas habiletés à communiquer, nous ne pouvons vous fournir des noms», s’étrangle notre interlocutrice, peu préparée aux sollicitations des médias.
Certains spécialistes, tout en partageant l’optimisme des officiels de la banque panafricaine par rapport à Carlyle, se replongent dans le passé de ce fonds dont l’histoire rappelle la grande Amérique du «full risks, no limits». Né en 1987 par la revente de dettes de compagnies pauvres d’Alaska à des entreprises florissantes, et qui évolue depuis dans des secteurs divers dont l’armement, et qui porte encore aujourd’hui l’empreinte indélébile de l’un de ses directeurs, ancien directeur adjoint de la CIA. Il s’agit de Frank Carlucci, qui jouera un rôle considérable dans l’acquisition d’United Defense, fournisseur d’armements, qui est à l’armée américaine ce que le groupe Dassault est à sa consœur française. Carlyle et Dassaut se livreront d’ailleurs un combat acharné pour le contrôle du quotidien français, le Figaro, remporté par l’américain. Trois ans plus tard, le journal est revendu au groupe Dassault sans mettre fin à l’intérêt de Carlyle pour les leaders d’opinion. Carlyle gère plusieurs titres à travers des holdings et des fonds, s’assurant au passage un certain répit par rapport aux adeptes de la théorie du complot.