Globe Export, un exemple révélateur
Si le web est aujourd’hui devenu une nouvelle opportunité de croissance et
de développement pour les entreprises, tous secteurs confondus, il reste
également un univers où se côtoie escrocs et honnêtes gens. Et où les risques
peuvent être nombreux pour les moins vigilants.
En témoigne cette récente affaire : Globe Export, une société bretonne spécialisée
dans la fabrication et le négoce de produits conçus à partir d’algues de mer, a
vu son nom utilisé dans une fausse offre d’emploi. Les arnaqueurs, en passant
par le biais d’un site d’annonce connu, demandaient à leurs
« victimes » des informations sensibles : copie de carte
d’identité ou de passeport, ainsi que justificatif de domicile. Ce qui leur
permettait ensuite d’ouvrir des comptes bancaires en France, en usurpant
l’identité de leur victime, pour mieux effectuer des arnaques ou utiliser de
faux chéquiers. La manœuvre est bien pensée, car dans la plupart de cas, les
criminels restent ainsi invisibles et intouchables.
Or, les sites d’annonces ne vérifient que rarement la publication de ce
type d’annonces, à moins d’un signalement. Et sur le web, les entreprises
n’arrivent pas toujours à surveiller leur image et le détournement qui peut en
être fait.
Un constat particulier qui s’inscrit dans un cadre plus large et qui n’est
pas nouveau : le développement d’Internet et son intégration à l’économie
de marché ont entraînés l’apparition de nouveaux risques, typiques de nos
sociétés numériques modernes.
Castel souligne les risques croissants dans nos sociétés contemporaines
Aujourd’hui, l’usurpation d’identité fait donc partie des risques auxquels
notre société moderne et ses acteurs économiques doivent faire face. Mais ce
constat s’inscrit dans une tendance plus globale : le capitalisme du XXIe
siècle a favorisé la naissance de nouveaux risques, nombreux et parfois mal
contrôlés.
Robert Castel, un sociologue français spécialiste du travail et des relations sociales,
avait mis en évidence cette montée croissante des
incertitudes et des risques dans les sociétés contemporaines, comme une conséquence
logique du passage à un "nouveau régime du capitalisme". Le
développement et la croissance rapide d’Internet s’inscrivent dans cette
évolution de l’économie de marché, qui, si elle a ouvert de nouveaux horizons,
a également fait augmenter la prise de risques. Internet est en effet d’abord
basé sur le partage et l’échange, avant d’être un outil totalement sécurisé.
Il n’est donc pas étonnant que les entreprises
soient désormais confrontées à des « nouveaux risques » inhérents au
développement d’un « capitalisme numérique ». Les constatations
générales de Robert Castel s’appliquent évidemment au cas de Globe Export, qui
n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
À terme, l’enjeu est de savoir si l’économie
numérique arrivera à concilier une croissance continue et la même liberté
d’usage, tout en assurant une plus grande sécurité à ses utilisateurs (au
premier rang desquels on trouve les entreprises).
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